dimanche 13 février 2011

The Grudge.

Neuf heures du matin, ciel bleu hivernal, l'air glacé me lacère les joues. Blottie dans mon manteau je remonte une avenue principale quand je te vois arriver de loin à contresens. Sans même y réfléchir une seconde je me fige et change subitement de trottoir. Je sais qu'à cette distance, tu m'as vue, reconnue. Par ce geste clair je te dis ce que tu n'as jamais entendu.
Je te méprise, toi, ce personnage creux drapé dans un costard. Je hais tout chez toi, ta façon de marcher, de fumer, de parler. J'essaie après toutes ces années de comprendre ce que j'ai pu aimer en toi au point de me bousiller. Claquer l'argent des bourses dans tes clopes, les nuits dans un hôtel mal famé quand ton père ne voulait pas se barrer.
Ma première fois bâclée, et ce foutu cendrier renversé dans les draps.
J'aimerais te dire si tu ne l'as pas encore réalisé le comédien raté que tu es, père célibataire involontaire et trentenaire paumé.
Et surtout le plaisir non dissimulé que j'ai pris à cliquer sur "ignorer" le jour où tu m'as demandé une amitié.

jeudi 10 février 2011

Drownin'

Je n'y arriverai pas. Les factures, le loyer toutes ces merdes que je voudrais jeter plutôt que les ouvrir, c'est ça le prix de l'indépendance. C'est ça d'avoir choisi de vivre seule, sans céder à la facilité de la vie à deux sans accepter de s'étouffer de compromis, d'espaces répartis. Comme dans une barque percée, j'écope d'un côté mais l'autre se remplit.
Je travaille je cours, mais les quelques billets que je ramasse me brulent les doigts, disparaissent en fumée. Ne pas demander, ne pas s'avilir à mendier une signature au bas d'un chèque à l'instance paternelle, je retourne la situation dans tous les sens. Le loto, le braquage, la prostitution ? De quelles options puis je encore disposer? Débrancher le téléphone, fermer l'eau, éteindre le chauffage? A quoi bon, ces fils de pute auront toujours un foutu rib pour me pomper du fric chaque mois, que j'en ai ou pas..

Drownin' in an ocean of debts.