mardi 29 mars 2011

Money's too tight to mention.

Chez M on affiche pas les prix, ce serait trop populaire. On sue dans la vapeur des parfums mélangés en regardant le ballet incessant des vendeuses tirées à quatre épingles.
Je ne viens jamais ici, aujourd'hui c'est exceptionnel, je recherche quelque-chose d'exclusif à leur marque. Ma présence détone dans ce lieu où s'ébattent les retraitées en goguette. Moi et mon jean trop long, mes fausses converse™ entachons le profil impeccable d'une enseigne de renom.

La situation se précise et surtout empire à mon passage en caisse, on me bouscule, me déplace me passe devant pour telle ou telle raison toujours avec cette même déférence exagérée qui dissimule à peine un mépris manifeste. J'attends au milieu de la succession des cliquetis du tiroir caisse, de la distribution des échantillons, les chiffres tombent comme annoncés au loto: "ça vous fera 80, 90€ Madame" Les vieilles rombières n'en finissent pas de gribouiller du chèque de tapoter du code pour repartir avec le dernier ravale façade de chez Chanel™, Dior™ ou Clarins™.
Passent des minutes interminables, mon tour arrive enfin, j'ai droit à la même politesse affectée que précédemment. La greluche pomponnée me propose une carte que je refuse d'abord et finis par accepter à l'annonce d'une promotion immédiate à la clé. Revirement qu'elle ne peut s'empêcher de commenter d'un "ah-ah" triomphant.
Ce "ah ah" qui veut dire "je t'ai cernée toi et ta dégaine de prolo, je te fais baver comme une dingue à coup de remise à pourcentage."
En sortant je me félicite d'avoir payé en liquide, allez savoir elle m'aurait sans doute craché à la gueule si j'avais sorti ma carte Electron™...

lundi 28 mars 2011

System Failure.

Cycle infernal, je suis dans une tranche d'âge où les individus qui m'entourent poursuivent le même but articulé en 3 parties se déroulant comme suit (plus ou moins dans cet ordre): mariage, enfant, maison..
On ne m'avait pas prévenue qu'à partir de vingt cinq ans il fallait s'enrouler dans du tulle blanc, se préparer un nid (à crédit) et enfin y pondre de crainte que l'espèce humaine ne s'éteigne.
Peu à peu l'étau se resserre sur moi, les amis qui m'entourent se conforment à ce triptyque les uns après les autres. Noyée sous la masse des "je le veux" et des "fille ou garçon?" je recherche quelques congénères rescapés n'aspirant pas (du tout ou pas encore) à ce mode de vie qui finit par m'être insupportable.
Car je fais partie de cette catégorie mise au ban de la société, celle qui n'aspire ni à convoler en justes noces, et encore moins à se reproduire. Je tiens d'ailleurs pour performance personnelle le simple fait d'accorder à l'admirable jeune homme qui me supporte au quotidien, le droit de laisser sa brosse à dents séjourner dans ma salle de bains.
Non je ne m'extasie pas sur ce que contiennent les poussettes, j'en suis davantage à considérer la possibilité d'adopter un chat, je ne m'intéresse pas au bien fondé de la pièce montée à la réception tout comme je ne me renseigne pas sur les prix actuels de l'immobilier.
Je ne poursuis qu'un but, me construire une carrière qui me permette de voyager ou d'acheter ce qui me plait, je suis encore de ces attardés qui rêvent de home cinéma et d'écran plasma de 120cm, de piano à queue qui bouffe toute la place dans le salon, je veux prendre du bon temps sans penser à demain oui je le proclame haut et fort, je suis une égoïste! Et autant le dire tout de suite ce n'est pas près de changer..