vendredi 30 octobre 2009

So I see, right through...

Minuit et demi, la rumeur du quartier s'élève, la clameur des voix mêlées et les verres qui s'entrechoquent. Matelas au sol, les bras en croix, les yeux grands ouverts je contemple le plafond blanc. J'apprivoise le décor, rembobine la journée écoulée; livre gratuit par erreur à la gare, une après midi de clichés. Changent les couleurs et la lumière au fil des heures, je m'adapte comme on bataille à la barre en pleine tempête. Ses yeux s'ombrent de noir, sa bouche s'ourle de rouge. Je tourne autour de ce corps de femme dissimulé aux regards, magnifié par des bas à rubans, relevé par un chapeau claque. Je ne dis rien ou presque, réoriente à peine son visage, c'est un rêve de naturel, de poses calmes et subtiles.
Les traits de noir resteront sur le coton, les bas au placard, mais moi je l'ai vue cette féminité brute révélée au miroir. Souvenir que j'isole, conserve en mémoire, entre les cris d'ivrogne, le boucan des soûlards...

mercredi 28 octobre 2009

I'm scared.

Je connais la prudence, un peu trop même, je marche à reculons la plupart du temps. Influencée par cette figure paternelle qui réfléchit trop, qui laisse tout passer qui veut mettre des garanties partout, j'en perds l'envie de tenter, de crainte de tout planter. Mais je me bats, et parfois je dis oui quand je pense non juste pour le plaisir de me créer cette crampe qui me ronge le ventre, juste pour l'espoir de crier intérieurement après coup : "I made it!" si ça tourne bien. J'ai pour copilote permanent l'angoisse de ne pas être à la hauteur, de mes envies, de mes ambitions. Je vois les autres qui avancent sereins, du moins en apparence, bien dans leur vie, leurs pompes quand j'ai sans cesse l'impression d'emprunter des vêtements trop grands pour moi, de jouer à la traductrice, à la photographe comme les gamines jouent à la dinette. Et derrière mes 26 berges crédibles, et les "Madame" qu'on me lance à la gueule je prie qu'on ne voit pas trop la main qui tremble quand je tends ma carte de visite ou la tension qui m'étrangle derrière mon appareil..

jeudi 15 octobre 2009

These boots are made for walking....


Une fois n'est pas coutume, poursuivons dans le registre shopping...
Je suis communément atteinte de la malédiction des chaussures merdiques. Je n'aime pas en acheter, je tourne avec deux, trois paires en tout et pour tout et mon portefeuille se referme rageusement sur mes doigts si je songe ne serait ce qu'une seconde à balancer 70 € dans une paire quelle qu'elle soit. Résultat comme le cheap ne paie pas, il faut toujours que je me retrouve avec des pompes qui prennent l'eau, dont le talon se décroche ou autre joyeuseté. Comme j'en ai marre d'entendre floc à chacun de mes pas et d'essorer mes chaussettes imbibées de flotte, je prends mon courage à deux mains et pars en mission "chaussures d'urgence".
Et là c'est le drame... Je veux bien être pingre mais je garde quand même un certain degré d'exigence, à savoir: de la sobriété, de la féminité et un talon de hauteur raisonnable (5 cm max.) Alors quand je constate que le choix dont les magasins disposent cette saison, se résument à trois extrêmes hideux: les cuissardes de catin (talons aiguilles aussi vertigineux que leur prix, matière indéfinissable), les cuissardes de pêcheur (plates, matière indéfinissable) et les bottes dites motardes (des chaussures de mec quoi), je suis tentée de continuer la brasse dans mes chaussures flinguées.

Une fois épuisées toutes les marques et enseignes standard présentant chacune le même musée des horreurs, j'ai fini par échouer au détour d'une rue, dans un petit magasin sans prétention au nom amusant "Miss Cécile la belle", tenu par un charmant couple d'asiatiques. Ici les modèles sont empilés dans leurs boites à même le sol et séparés en minuscules travées. Ici pas de tabouret ou de miroir, on essaye où on peut en prenant garde de ne pas trébucher sur les gens, ou de shooter dans les boites. Mais ici au moins, j'ai enfin trouvé ce que je cherchais, un peu de talon, rien de tape à l'œil et personne n'a tenté de me vendre de semelle supplémentaire ou de bombe d'imperméabilisant. Bon je sais bien qu'à 25€ la paire on ne peut pas espérer de miracle, je sais bien qu'elles ne tiendront pas longtemps mais ces grolles là, au moins, me ressemblent...